TEMOIGNAGE. Gouvernante dans des hôtels de luxe et MOF, elle dévoile les secrets d’un métier méconnu

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, TEMOIGNAGE. Gouvernante dans des hôtels de luxe et MOF, elle dévoile les secrets d’un métier méconnu

Depuis quelques semaines, Amandine Leroy arbore avec fierté un chemisier avec un col tricolore quand elle marche dans les couloirs de l’hôtel Le Grand Pavillon à Chantilly (Oise) où elle travaille. À 34 ans, elle est devenue cette année Meilleur ouvrier de France (MOF) dans la catégorie Gouvernant-gouvernante des services hôteliers. « C’est désormais un titre qui fait partie de moi. On se doit de porter le col tricolore, on doit en être fier », nous lance-t-elle en rappelant avoir « commencé en bas de l’échelle ». Originaire de l’Oise, elle est employée en tant que gouvernante générale dans un établissement 4 étoiles.

Pourtant, après avoir obtenu son baccalauréat, Amandine Leroy n’avait pas de plan de carrière en tête. « Je pensais devenir éducatrice spécialisée mais je ne savais pas vraiment quoi faire. J’avais suivi une filière générale car c’est ce qu’on m’a dit de faire », se souvient-elle. Pour payer ses études supérieures, elle postule dans un hôtel afin d’y travailler le temps d’un été. « J’avais 18 ans. Personne dans ma famille n’exerçait dans ce milieu. Je l’ai vraiment découvert cet été-là. Le travail n’était pas du tout ennuyant. Il demandait de l’organisation et de l’anticipation. Je rencontrais du monde. »

« Tous les clients sont des clients VIP »

Conquise, elle intègre l’INFA, une école hôtelière à Chantilly. « Mes parents étaient un peu réticents et m’ont avertie que j’allais devoir travailler les week-ends, les jours fériés et accepter des horaires décalés. Mais, ils ne m’ont jamais freinée. Je sais ce que je veux et je fais toujours tout pour faire ce que je veux. » Amandine Leroy reconnaît qu’au début de la carrière, l’amplitude horaire est importante dans ce milieu. Des sacrifices qui valent le coup, selon elle. « Nous sommes plutôt bien payés. Et quand on est jeune, on peut se permettre ce rythme. »

Depuis sa sortie d’école, Amandine Leroy enchaîne les postes de gouvernante dans des établissements de luxe comme en Normandie ou à Paris. « C’est un travail clé dans un hôtel. Nous devons penser à chaque détail : la décoration florale, l’ameublement, le choix des tissus et des coussins. Nous devons anticiper les demandes des clients pour déclencher l’effet waouh. » Elle jure d’ailleurs que « tous les clients sont des clients VIP » à ses yeux.

Être réactive pour chaque demande

Si un client souhaite offrir un bouquet à son épouse, Amandine Leroy doit pouvoir le conseiller et connaître « le langage des fleurs ». Si un client régulier ne boit qu’une marque d’eau, la gouvernante générale doit s’en souvenir et la mettre à disposition. « Lors d’un tournage, des acteurs avaient réservé plusieurs chambres. Bien sûr, elles étaient toutes impeccables mais une dame a demandé que ses draps soient froissés et amidonnés. Pendant trois semaines, nous n’avons pas repassé ses draps, taies et housses. En fait, elle voulait se sentir comme à la maison. » Même si certains se permettent des demandes farfelues, « nous ne pouvons pas leur dire non, c’est interdit. Nous devons proposer des alternatives pour satisfaire les deux parties ».

Ces multiples expériences lui ont permis de réussir avec brio le concours de meilleur ouvrier de France 2023 qui lui a demandé un an de préparation, rapporte France 3 Hauts-de-France . Lors des épreuves qualificatives, en novembre 2022, elle a notamment dû se lancer dans le briefing d’une équipe sous le regard des jurés. « Pour le bien-être des employés, des hôtels leur proposent maintenant un échauffement musculaire. C’est ce que j’ai fait lors du concours », nous explique-t-elle.

Des connaissances dans le bien-être au travail

Elle a également dû négocier un budget pour faciliter le travail des femmes de chambre auprès d’un directeur. « L’outil, qui est une vraie révolution, est le lève-lit. Elles n’ont plus besoin de se baisser pour faire le lit ou pour passer l’aspirateur. Lors des entretiens d’embauche, des candidats nous demandent d’ailleurs si l’hôtel en possède. Cela peut être désormais un élément majeur s’ils ont deux propositions professionnelles équivalentes. »

La trentenaire a dû simuler une formation de femmes de ménage pour leur apprendre à faire un lit tout en préservant leurs articulations et muscles. « Il y a des positions à adopter, du matériel à utiliser comme des manches télescopiques et des habitudes à prendre comme ne pas asperger un produit dans l’air afin de ne pas l’inhaler mais le mettre directement sur une éponge. » Pour qu’elles ne marchent pas inutilement, « il y a un ordre précis à respecter quand on fait une chambre » : retirer le linge sale et les poubelles de la pièce, aérer, asperger les produits ménagers dans la salle de bains puis aller faire le lit pour leur permettre d’agir avant de revenir. « Ainsi, les femmes de ménage auront moins besoin de frotter. » Ensuite, il faut faire la poussière, passer l’aspirateur et s’occuper de la mise en place.

« Ce titre est un accélérateur de carrière »

Lors de la finale du concours, elle a même dû imaginer un outil permettant d’améliorer la formation et l’intégration des nouvelles recrues. « Nous avons une pénurie d’employés et nous intégrons trop vite les candidats en espérant qu’ils soient productifs. Cela crée de la démotivation en eux et cela explique notamment le turn-over et la fuite des talents », analyse-t-elle.

Depuis son titre, elle reconnaît que « le téléphone sonne souvent ». Au bout du fil, des employeurs intéressés pour la débaucher. « Les valeurs françaises sont très recherchées. Les MOF sont le symbole de l’excellence française. Nous avons une image à tenir. » Elle qui se définit comme « carriériste » ne se donne pas de limite. Un poste à l’étranger ? Pourquoi pas. Devenir gouvernante au domicile d’un riche particulier ? Une possibilité. « Ce titre est un accélérateur de carrière. À moi de savoir quel virage je souhaite prendre. »

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