Mode : à 25 ans, cette Morlaisienne lance une marque qui fait rimer luxe avec recyclage

Tout a commencé aux Chiffonniers de la Joie, il y a dix ans. « J’ai découvert la seconde main et le recyclage à 15 ou 16 ans, par curiosité. J’aimais dénicher des babioles amusantes, des objets uniques, comme si j’étais dans le grenier de mes grands-parents. Leur plus-value, c’est qu’ils portent les traces du temps », débite Chloé Bourhis, attablée dans la salle à manger de sa mère, à Morlaix.

Celle qui s’est installée à Paris juste après le bac pour suivre des études de design de mode à l’Ecole Duperré, est de passage pour quelques jours. « Ça fait six mois qu’on ne l’a pas vue », pointe Gwen Auffret, sa mère. « En même temps, elle vient de lancer sa marque ! », ajoute-t-elle fièrement.

Pilhaouer, un hommage aux chiffonniers

Car, depuis avril 2024, sous la marque « Pilhaouer » (« chiffonnier », en breton), la jeune femme propose à la vente ses premières créations, des cordons qui permettent de garder son téléphone, ses clefs ou encore sa gourde sur soi en permanence. « On peut voir ça comme des sacs à main déstructurés, s’amuse la créatrice en ajoutant des mousquetons sur la corde. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils sont faits avec des matériaux recyclés ».

La Morlaisienne parle franchement : « Ça s’appelle de l’upcycling, ou surcyclage, mais je préfère expliquer comment je m’y prends ». Et justement, sa démarche est presque la même que celle des chiffonniers d’antan, qui, jusque dans les années 1960, faisaient le tour des foyers des zones urbaines pour récupérer des vêtements ou des objets usés.

Cette figure de commerçants nomades, qui portent l’essentiel sur eux et qui collectent des vêtements de seconde main, ça m’a parlé

« J’ai fait mon mémoire sur eux, sourit Chloé Bourhis. Cette figure de commerçants nomades, qui portent l’essentiel sur eux et qui collectent des vêtements de seconde main, ça m’a parlé ». Même si la styliste se fournit, elle, chez des collecteurs comme les Chiffonniers de la Joie.

Fuir la mode traditionnelle… et le patchwork

En se lançant à son compte, l’artiste avait un objectif assumé : « arrêter de travailler pour des grands groupes. Ils mettent en avant leurs pôles RSE (responsabilité sociétale des entreprises, NDLR), mais ce n’est que du vent. Les marques veulent juste se faire une image verte avec toutes leurs certifications. En me faisant une idée des réalités de production, j’ai su où je voulais aller ! ».

Une voie toute tracée pour la jeune femme, qui ne s’était pas non plus sentie à sa place à l’école. « J’étais un peu naïve, je ne me rendais pas compte que les autres se moquaient de moi. C’est tout ce qu’on s’imagine sur le milieu de la mode », déplore-t-elle.

Après cette période style « Le Diable s’habille en Prada », Chloé Bourhis a finalement osé se lancer dans l’upcycling. Avec un grand « mais ». « Mon but, c’est de prendre le contrepied de l’effet patchwork, un peu moche du recyclage. Je veux rendre ça plus luxueux », développe-t-elle.

Bientôt un atelier à Morlaix ?

Pour la jeune femme, le scénario du futur idéal implique de trouver un atelier à Morlaix. « Quand la marque sera rentable, glisse-t-elle. L’idée, c’est de faire des allers-retours entre la Bretagne et Paris, où j’ai mon réseau, et de pouvoir commencer à discuter avec des distributeurs et des artistes locaux ».

Pratique

Contact : tél. 07 87 18 11 82 ou courriel : pilhaouer.contact@gmail.com Instagram : @pilhaouer___